R.A.P.-Échos 11

R.A.P.-Echos n° 11

Juillet 1995

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Dans ce numéro :
R.A.P. Lyon c'est parti !
Haro sur un panneau
Publicité dans les boîtes aux lettres
Je fais comme sur le panneau
Questionnaire sur la publicité à la télévision
Compte rendu de l'assemblée générale
Fin du consensus publivore à la Rochelle
Chiche!
actions cinéma N° 14 et 15!
Annuaire des cinémas sans publicité
Courrier


R.A. P. LYON : C'EST PARTI !

Thomas Jeanneret, responsable de la toute récente antenne de R.A.P. à Lyon, nous donne des nouvelles...

Le 30 mai 1995, à la Maison de l'Écologie, une dizaine de personnes se sont retrouvées pour la première réunion de R.A.P. Lyon. Cette réunion a été l'occasion de confronter nos vues respectives sur la publicité et, surtout, de déterminer si nous étions en accord ou non avec les positions de l'association parisienne. Vous l'aviez déjà deviné, nous sommes bien en accord... Encore fallait il le dire.

Nous avons abordé ensuite la question des actions à mener, ce qui fut également l'objet de notre deuxième réunion du 12 juin. Parmi les actions parisiennes que nous comptons reprendre, nous avons envisagé entre autres la Nuit des Publiphobes et des actions contre l'affichage. Mais aussi, nous avons diagnostiqué à Lyon une forme de publicité particulière pour le moins atterrante et effrayante.

En effet, certains bus diffusent en continu, par des haut parleurs beuglards et grillagés, le braillement débile de radios médiocres et commerciales scandé par les inévitables inepties publicitaires. L'action consistera à se rassembler au centre du bus, dès le début des annonces, et à entonner des slogans antipublicitaires, chantés et parlés, percutants et humoristiques. Nous terminerons par une distribution de tracts, le tout dans la recherche du dialogue.

Mais il ne faut pas faire une action pour faire une action. Aussi, nous débuterons cette campagne par une prise de contact avec les autorités municipales et les T.C.L. (Transports en Commun de Lyon). L'action ne sera alors que le résultat de la non prise en compte de nos revendications. Nous envisageons également, l'union faisant la force, de nous allier à un autre mouvement, le Collectif Bus Espace pour Tous.

Samedi 24 juin, place Bellecour (centre de Lyon) a eu lieu notre première action, conjointement avec Paysages de France. L'accueil des Lyonnais a été encourageant ; plus encourageantes encore ont été les retombées médiatiques. Pour une action qui, en soit, n'avait rien de très spectaculaire (tracts, posters, pétitions), nous avons fait l'objet d'un reportage à C.T. V. (télévision locale), d'une interview à T.S.F. (radio locale), d'une photographie accompagnée d'un article dans le Progrès (principal quotidien régional) et de quelques lignes dans Lyon Figaro. Également, un article de fond est en préparation dans le Dauphiné Libéré. C'est pour le moins un bon début.

D'autre part, pour prendre pied dans lejeu institutionnel lyonnais de l'affihage, nous avons contacté le C.E.R.T.U., Service d'État chargé d'urbanisme qui a réalisé une étude sur l'affichage publicitaire français. Ce contact nous a permis d'obtenir les coordonnées d'interlocuteurs privilégiés (mairies, communauté urbaine, publicitaires).

Enfin, il nous a semblé intéressant de déposer la pétition contre la publicité au cinéma dans des salles d'art et essai lyonnaises, avec l'accord des exploitants. C'est assurément là un bon moyen pour nous faire connaître.

Pour résumer, la création de R.A.P. Lyon apparaît comme un plein succès. Alors, profitons de cet article pour inviter une nouvelle fois tous les intéressés à venir nous rejoindre.

Nos coordonnées : R.A.P. Lyon, 4, rue Bodin, 69001 Lyon, tel. : 78 27 29 82,

fax: 78 28 57 78. Th. J.

HARO SUR UN PANNEAU

 

Le samedi 20 mai 1995, à Paris, a eu lieu une manifestation non violente intitulée: "Panneaux pub, ras le viol !". Elle visait à dénoncer l'affichage publicitaire, à l'appel de trois associations : Paysages de France, Résistance à l'Agression Publicitaire, Union Fédérale des Consommateurs d'Alès.

Un panneau de 12 m² avait été choisi, à l'angle de la rue Monge et de la rue de Mirbel. Apposé sur la façade d'un collège, il outrageait ce lieu d'éducation et de culture. Par ailleurs, Il dominait le carrefour: aucun piéton, aucun automobiliste ne pouvait lui échapper.

Le jour dit, vers 11h, un attroupement se forme au pied du panneau. A 11h20, on apporte une bâche verte de 12 m² sur laquelle on peut lire: "500.000 panneaux, le viol!". Elle est hissée sur le panneau de sorte à le recouvrir entièrement... ou presque: le passant doit pouvoir l'identifier!

A 11h40, on expose six grandes photos montrant les dégâts causés par l'affichage à l'environnement, et l'on accroche aux fenêtres du collège deux banderoles : "Résistance à l'agression publicitaire" et"Halte au saccage du paysage!".

A 11h45, deux policiers passant par là s'informent, puis s'éloignent en souriant.

La pétition de Paysages de France ("On nous vole nos paysages !") est soumise aux passants 102 signatures seront recueillies. Des tracts sont distribués pour dénoncer le "matraquage du paysage" et la "colonisation de l'espace et de l'esprit". Une table de presse propose des publications.

Une formule gravée dans le mur du collège, masquée en partie par le panneau publicitaire, apparaît à Peine: "Défense d'afficher". On la colorie avec des craies.

Une soixantaine de personnes se relaient pendant deux heures devant le panneau bâché: militants, sympathisants, responsables des trois associations, mais aussi deux journalistes et deux policiers en civil.

Les passants, dans l'ensemble, réservent un bon accueil à la mise en scène. Seule la gestionnaire du collège, en train de promener son chien, exprime clairement son mécontentement: le panneau, dit elle, rapporte 140.000 F par an à l'établissement. Vers 13h30, la bâche est enlevée, la manifestation terminée.

Le lendemain, un communiqué de presse est envoyé, qui s'intitule: "la reconquête du paysage a commencé". En voici un extrait :

"Les trois associations signataires dénoncent le fossé qui existe entre les déclarations politiques en faveur du paysage et l'aspect déplorable de la France, défigurée, comme nul autre pays européen, par la prolifération publicitaire. Situation d'autant plus intolérable que plus de 100.000 panneaux de l2m² sont illégaux : un sur deux, selon le ministre sortant de l'Environnement. Les associations exigent que les pouvoirs publics se décident enfin à supprimer les panneaux illégaux en appliquant la loi de 1979. Elles exigent en même temps la réforme de cette loi, dont la complexité autorise tous les abus. D'autres actions analogues à celles du 20 mai auront lieu dans les prochains mois en plusieurs points de France."

Le 22 mai, le Figaro publie une photo du panneau bâché en relatant l'action d'une "poignée de militants de Paysages de France". Le 26 mai, l'émission "Nulle part ailleurs" sur Canal + mentionne la lutte de plusieurs associations contre l'affichage publicitaire.

Le 30 septembre prochain aura lieu à Paris une manifestation du même type, avec un autre scénario. Pour en savoir plus, prendre contact avec R.A.P. courant septembre.

Subsidiairement, le 20 mai a été l'occasion d'une première rencontre entre les responsables de R.A.P. et le représentant de R.A.P. Lyon.

Y.G. et M.T.

 

PUBLICITÉ DANS LES BOÎTES AUX LETTRES

 

Deuxième réunion du groupe de travail au ministère

Le groupe de travail installé le 7mars 1995 (voir R.A.P. Echos n°10) par l'ancien ministre de l'Environnement et dirigé par le député Michel Hannoun s'est à nouveau réuni le 12 avril. Sans entrer dans le détail des débats, en voici les points essentiels.

Dans un souci de simplicité, l'accord est général sur la nécessité de limiter le nombre des catégories de documents publicitaires identifiées dans le dispositif d'expression du refus. Sous réserve de modifications lors de l'étape expérimentale prévue avant la généralisation du dispositif, ces catégories seraient au nombre de trois : prospectus d'information commerciale (tout ce qui est, dans le contenu et dans l'intention, exclusivement publicitaire), prospectus d'information institutionnelle (bulletin des collectivités, prospectus politiques et associatifs), presse dite gratuite (journaux d'annonces).

Aux trois catégories retenues correspondraient trois étiquettes de couleurs différentes par lesquelles le particulier pourrait signifier son refus de façon personnalisée. Ces étiquettes seraient réalisées sur un modèle standard et selon des modalités techniques qui en assureraient la visibilité, l'inviolabilité, et l'adaptation à l'environnement immédiat de chaque boite aux lettres. Ces critères d'efficacité, ainsi que la répartition des rôles des différents acteurs dans la mise en oeuvre et le financement du dispositif, seront abordés de façon plus systématique lors de la prochaine réunion.

Celle ci, ajournée deux fois, les 17 mai et 7 juin, pour cause d'indisponibilité de M. Hannoun, devrait avoir lieu en septembre. Il ne semble pas que le remplacement de M. Michel Barnier par Mme Corinne Lepage à la téte du ministère remette en question l'existence du groupe.


Nouvelles de la pétition

Depuis son lancement, début 1995, la pétition "Pas de publicité dans ma boite aux lettres" a été signée par 4066 personnes. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin!
Une astuce: mettez à contribution les petits commerçants. Voici une manière possible de les aborder. Demandez leur s'ils ont à leur domicile une boîte aux lettres; en général, la réponse est oui. Demandez leur ensuite s'il leur arrive d'y trouver de la publicité. Si leur réponse est affirmative et témoigne de l'exaspération, proposezleur de contribuer à résoudre le problème en faisant signer leurs clients : confiez leurla pétition, avec un support et un stylo. Si vous voulez éviter de faire un détour pour récupérer les feuilles remplies, choisissez de préférence les commerçants qui se trouvent sur votre parcours quotidien.

 

JE FAIS COMME SUR LE PANNEAU

Des hommes, des femmes, et même des enfants et des bébés, retirent leurs vêtements (parfois totalement) pour s'exposer, sur des affiches, au regard des passants sur la voie publique.

Le 10 août 1995 (à 18h30) à Paris, des militants de R.A.P. se déshabilleront (partiellement) devant l'une de ces affiches. Merci d'apporter votre slip, votre caleçon ou votre soutien gorge, ou, si vous préférez, votre maillot de bain.

Les affiches étant régulièrement changées, le lieu de l'action ne peut pas être décidé longtemps à l'avance. Si vous repérez, à partir du 1er août, un cas particulièrement frappant d'exhibitionnisme publicitaire, merci de le signaler à l'association. Le jour de l'action, l'adresse précise sera indiquée sur le répondeur.


QUESTIONNAIRE SUR LA PUBLICITÉ À LA TÉLÉVISION (COUPEZ VOUS LE SON ?)

Le questionnaire ci dessous n'a aucune prétention scientifique, même si ses résultats doivent être étudiés et publiés. II est un prétexte pour aborder les téléspectateurs et les faire réfléchir quelques secondes sur la question posée, dans l'espoir de provoquer chez eux une prise de conscience. Avant de le soumettre à quelqu'un, s'assurer naturellement que cette personne regarde régulièrement la télévision.

Coupez-vous le son de la publicité télévisée ?...

(Renseignements facultatifs)
Nom : Prénom
Adresse
(Si vous souhaitez recevoir le dernier numéro de notre journal, envoyez-nous une enveloppe timbrée) .


... Vous coupez le son ? Ce questionnaire ne vous concerne pas .


... Vous ne coupez pas le son ? Dites pourquoi. ( Si vous cochez plusieurs cases, entourez la plus importante).

Je ne coupe pas le son...

- par oubli (je n'y pense pas) p par paresse (je n'ai pas de télécommande)
- par goût (j'aime la publicité)
- par politesse (je respecte le goûtd'un contéléspectateur)
- par conformisme (je fais comme tout le monde)
- par discipline (je veux favoriser l'économie)
- par curiosité (je mintéresse à la technique publicitaire)
- autre raison

COMPTE RENDU DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

L'assemblée générale ordinaire de R.A.P. s'est tenue à Paris le 17 juin 1995. Après le rapport moral et le rapport financier, approuvés à l'unanimité, le conseil d'administration et le bureau ont été renouvelés. Divers questions et points ont ensuite été abordés. En voici l'essentiel :

La cotisation a été augmentée de 10 F : elle s'élève maintenant à 60 F.

Des projets de pictogrammes ont été proposés par une illustratrice sympathisante de l'association, pour distinguer les différentes rubriques de R.A.P. Echos (affichage, boites aux lettres, télévision, cinéma, etc.). Ils ont été refusés non pour leur forme, conçue avec talent et professionnalisme, mais par principe, le pictogramme ayant été ressenti par certains comme une dérive d'ordre publicitaire. À ce propos, le sérieux de la présentation de notre journal a été plus loué que critiqué.

Michaël Löwy, administrateur, a regretté que R.A.P. n'aborde pas plus souvent le thème de la publicité qui tue (alcoolisme, tabagisme, culte de la vitesse automobile, etc.).

François Brune, administrateur, a suggéré que R.A.P. prenne clairement position sur le problème de la publicité télévisuelle. Après une vive discussion, la position suivante a été adoptée :
L'association s'élève contre la logique publicitaire, sur quelque chaire que ce soit, et contre le principe des coupures publicitaires en particulier, telles que les avait dénoncées en son temps l'ANADET (Association Nationale de Défense de la Télévision). Quant à savoir si l'association devrait ou non adresser aux chaires privées des revendications dans ce sens, les avis divergent, selon que l'on considère que les téléspectateurs de ces chaînes assument ou non leurs choix.

Patrick Lassagne, ex publicitaire reconverti invité à la réunion, a proposé sa collaboration sous forme d'exposés ou d'articles à destination des lecteurs de R.A.P. Echos ou du grand public. Son témoignage a suscité l'intérêt de plusieurs personnes présentes.

Y.G.

FIN DU CONSENSUS PUBLIVORE À LA ROCHELLE

David Tauzia, sympathisant de R.A.P., nous écrit.

La tenue de la Nuit des Publivores a été perturbée, pour la première fois cette année en tout cas à notre connaissance.

Ayant, dans un élan spontané, commencé par saboter les affiches annonçant 1"'événement" en les recouvrant d'affichettes artisanales ("non à la pub, vassale de l'ordre marchand", "le 8 avril, boycottez la Nuit...", etc.), nous sommes ensuite partis distribuer des tracts de R.A.P.

Puis nous nous sommes retrouvés à l'entrée du cinéma qui, pour l'occasion, avait supprimé sa programmation ; les quelques cinéphiles présents (car non prévenus) ont accueilli notre arrivée avec joie. Nous avons ainsi pu engager la discussion avec des jeunes, et distribué une cinquantaine de tracts, tous reçus avec le sourire.

Tout s'est donc très bien passé mes amis et moi échangeant des arguments avec les publivores , excepté la sortie furibonde d'un producteur du spectacle, qui s'est vite éloigné quand il a vu le peu d'impact de ses rodomontades pseudo culturelles. Celles ci ("la pub est un art", etc.), nous nous sommes chargés de les démonter avec une grande satisfaction.

Bref, un débat vivant, parfois tendu mais qui aura eu le mérite de rompre le consensus publivore de La Rochelle. Prêcher par l'exemple, toujours et encore!

D. T.

CHICHE !

(Rubrique de l'action individuelle)

Nom: Heymann. Prénom: Robert. Domicile: Indre.
Lieu: Paris. Date: 19 mai 1995.

RH se rend au cinéma Paramount Opéra pour une séance qui doit commencer à 22h, le film lui même devant être projeté à partir de 22h20. La séance commence par une alternance de messages publicitaires et de bandes annonces.

A 22h13, RH quitte sa place et retourne à la caisse pour voir le gérant. Il lui demande pourquoi on lui impose de la publicité sans le prévenir, alors qu'il a payé 42 F pour une séance de cinéma ; jadis, en ce lieu, des attractions précédaient le film; puis des courts métrages les ont remplacées avant de disparaître à leur tour, sans que le public en soit averti. RH demande à être remboursé.

Le gérant répond que le public n'a pas à être averti puisque tout le monde sait que maintenant de la publicité passe avant le film. Il refuse de rembourser. RH insiste.

Des clients s'apprêtant à acheter leur billet paraissent gênés, et les caissières dérangées dans leur travail. Un autre employé en fait le reproche à RH, lequel répond que lui, c'est la publicité qui le dérange.

L'employé: "Monsieur, c'est comme à la télé, c'est le même système."

RH: "Oui, Monsieur, c'est le système totalitaire; je ne veux pas subir 20 mn de publicité ."

C'est pareil partout, dans tous les cinémas.

Non, en province, il y en a où l'on ne voit pas de publicité. D'autre part, vous vendez un produit sans avoir le courage d'en indiquer toute la composition: film et publicité.

Vous avez du rab!

J'ai du rab, mais j'ai un produit qui est pollué. Je resterai ici jusqu'à minuit s'il le faut, mais vous me rembourserez."

L'employé, à la cantonade: "S'il avait vingt ans, il aurait déjà mon poing sur la gueule."

RH: "Ne vous gênez pas, ça s'est déjà fait."

A 22h15, satisfait en son for intérieur, RH se rend au bar du cinéma pour prendre un rafraîchissement. Le gérant intervient pour empêcher la serveuse de le lui servir. Quatre policiers arrivent alors et demandent à RH des explications. L'un d'eux, après l'avoir écouté: "la pub, y en a partout, c'est comme ça". Une fois ramené sur le trottoir par les policiers qui s'en vont sans vérifier son identité, RH renseigne les passants qui l'interrogent sur les raisons de son esclandre.


ACTIONS CINÉMA N° 14 ET 15

Les actions cinéma de R.A.P. consistent à s'interposer entre les images publicitaires projetées avant le long métrage et les spectateurs, afin de proposer une alternative aux personnes qui ne sont pas intéressées par la publicité. Douze mai et 30 juin 1995: 14ème et 15ème actions cinéma à Paris.

R.A.P. endigue la publicité

Le 12 mai, neuf membres de R.A.P., mêlés à une quarantaine de spectateurs et accompagnés d'un journaliste et d'un photographe de presse, entrent dans une des salles du Gaumont Ambassade pour la séance de 19h50. Dès la première image publicitaire, sept d'entre eux, alignés au cinquième rang, se lèvent et se retournent vers le public. Les deux autres montent sur la scène et barrent le bas de l'écran à l'aide d'une banderole: "Non à la pollution publicitaire". L'action doit durer dix minutes, le temps de la publicité.

Au bout de quatre minutes, le responsable du cinéma entre dans la salle qu'il traverse à grands pas, monte sur la scène, et tente d'en faire descendre les deux trublions. L'un des militants de la salle les rejoint pour empêcher l'enlèvement de la banderole. La projection est interrompue; il est 20h, le milieu de la publicité. Le responsable s'empare brutalement de la banderole, et se dirige vers la sortie. Le troisième militant lui court après, tente de récupérer l'accessoire, mais renonce: il n'aurait pu le faire sans violence.

Un dialogue s'instaure entre le public, les militants, et le responsable qui est revenu en menaçant d'appeler la police. Dans sa cabine, le projectionniste sourit. Dans la salle, un spectateur approuve et applaudit les militants. Après quelques échanges houleux, les lumières s'éteignent et le film commence, à l'heure prévue. Il n'y a eu que cinq minutes de publicité au lieu de dix.

Après le film, les militants réclament leur banderole au responsable. En vain. Devant leur insistance, il fait appeler trois policiers qui arrivent, en civil, et font sortir tout le monde.

Le lendemain, un communiqué est envoyé à la presse, intitulé: "Altercation dans un cinéma".


Un gâteau et deux bougies

Le 30 juin, vers 19h45, dix membres de R.A.P. certains endimanchés , entrent au Publicis Élysées, dans la salle même où eut lieu, deux ans plus tôt jour pour jour, la première action cinéma (voir R.A.P. Échos n°3). Le bureau nouvellement élu est présent, au complet.

Quand commence la publicité, huit militants (les deux autres sont venus en observateurs) rejoignent la scène, en procession. L'un porte solennellement un gâteau au chocolat, confectionné pour l'occasion et surmonté de deux bougies électriques de fabrication artisanale. D'autres déploient une banderole :"Non à la pollution publicitaire', et des panneaux : "30 juin 1993 30 juin 1995, 2ème anniversaire des actions cinéma". Parmi la trentaine de spectateurs présents, plusieurs applaudissent. A l'invitation des militants, une poignée d'entre eux viennent partager le gâteau et faire connaissance. D'autres se font apporter une part à leur place. Tous reçoivent un tract qui porte ce titre : "Et si vous montiez sur la scène avec nous ?" et reproduit l'hommage rendu à la première action cinéma par l'écrivain Bertrand Poirot Delpech, deux ans plut tôt (voir le Monde du 21.7.1993).

Le responsable de la salle vient trouver les militants, résigné et souriant : "Je me souviens de vous, j'étais là il y a deux ans, c'est la deuxième fois que ça tombe sur moi". Il refuse la part de gâteau qu'on lui tend. A la fin des huit minutes de publicité, on range tout, on ramasse les miettes laissées sur la scène, et un militant lance au public: "J'espère qu'on ne vous a pas dérangés". Réponse sincère de plusieurs spectateurs : "Pas du tout, revenez !"

Prochaines actions cinéma : 2 août et 16 septembre.

Y.G. et M.T.


ANNUAIRE LE CINÉMA SANS PUBLICITÉ

Nous recensons les cinémas qui ne passent pas de publicité avant les films.

Si vous en connaissez, dans votre région ou ailleurs, envoyez nous leurs noms, adresses et numéros de téléphone, en précisant s'ils diffusent ou non des courts métrages lors de la séance .

... Passez le mot !


COURRIER

(Extraits reproduits avec l'autorisation de leur auteur)

"La prolifération publicitaire est partout dévoreuse d'espace, de temps, et insulte à l'intelligence qu'elle s'efforce de manipuler. C'est un cancer dont même ma boite aux lettres nichée dans la verdure d'une haie de campagne est atteinte. Un gaspillage honteux, comme tant d'autres, l'expression d'un système tentaculaire qui s'introduit dans notre intimité pour mieux nous asservir !" (Alain Dauchez, 62).

"Nous sommes en propriété privée. Chaque escalier n'est accessible qu'au moyen d'une clé qui lui est propre. Une serrure électrique peut être manoeuvrée par l'agent de la Poste qui a ainsi accès aux boites. Durant les vacances, des agents temporaires de la Poste se voient confier une telle clé. Certains d'entre eux s'empressent d'en faire faire une copie qui leur permettra, une fois leur remplacement terminé, de faire valoir auprès des organismes de distribution de tracts publicitaires la possibilité qu'ils ont d'accéder à des boites que d'autres ne peuvent atteindre... C'est ainsi que, dernièrement, nous en avons pris, si j'ose dire, la main dans le sac. Ceux là ne reviendront plus... La police, convoquée, leur a confisqué la clé et a fait un rapport circonstancié. Puis elle a convoqué le patron de cette entreprise, auquel il a été vivement conselllé de ne pas récidiver." (Jean Marie Fresnoy, 91).

"Bravo! Les récits de vos actions contre la publicité sont passionnants, non violents, drôles, autocritiques. Mille bravos ! La stratégie non violente adoptée par R.A.P. est garantie, la garantie, d'une démarche respectueuse des citoyens, quels qu'ils soient. Merci pour vos initiatives." (François Vaillant, 13).

"Je suis mère au foyer, mais dessinatrice en publicité. Pourtant, ironie du sort, avec ma prise de conscience de plus en plus écolo, ce qui me faisait vivre m'apparaît comme un moyen de communication de plus en plus abusif." (CarolineVan Exaerde, 62).